samedi 17 février 2018

Blanche neige et les franciliens



L’année dernière à la même époque nous étions en plein démarrage de la série "Fillon and the Penelope Gate". Cette année, la tendance médiatique se situe sur un registre intégralement orienté météorologie. Il faut dire qu’entre les inondations, les crues et décrues (qui l’eut cru) et ensuite la neige, BFM a de quoi nourrir son info en continue avec  des tonnes de reportages plus insignifiants les uns que les autres. Mais l’info en continue ça veut bien dire ce que ça veut dire, l'important c'est de meubler, ce qui nous a permis de connaitre quart d’heure après quart d’heure, le nombre de centimètres de neige à Paris et ses environs, de savoir que le chauffeur de poids lourd avait du chauffage dans sa cabine, que ça glissait sur les routes (ah bon ?), que Martine a pris sa voiture mais qu’elle aurait peut-être pas dû et qu’il a fallu que Robert abandonne sa caisse sur une nationale devenue depuis, aussi célèbre que la route 66.
Alors si de surcroît, la localisation du phénomène neigeux se situe sur  la capitale et sa banlieue, toute la rédaction de BFM s’est mobilisée car on ne plaisante pas avec la vigilance orange.

Cette semaine de début février a donc été pour bon nombre de franciliens, un peu spéciale. A commencer pour moi puisque je me suis enfilée 3 jours de télétravail pour éviter les glissades, retards des transports, crises d’énervement inutiles et bénéficier de réveils à la limite de la grasse matinée (entendez par là 7 heures au lieu de 5h45). Il faut dire que pour cela je suis bien lotie puisque dès le premier jour de neige, tout le personnel de l’entreprise avait reçu un mail nous incitant à rester chez nous, moyennant bien sûr la possibilité de télé-travailler ou de poser des jours de congés. Et puis le mail donnait également quelques conseils dont je ne peux m’empêcher de vous livrer quelques morceaux. On ne sait jamais ça pourrait vous servir à vous aussi.

Exraits :
"Pour les voitures et 2 roues motorisées :
- Neige, verglas, givre, brouillard… conduire en hiver nécessite d’adapter son comportement de conduite, en plus de respecter les règles de sécurité routière (port de la ceinture, limitation de vitesse…)."
Mais en été fait péter la ceinture et lâche toi sur la vitesse.
- "Laisser la priorité aux chasse-neiges et engins de salage : tout dépassement est interdit."
Encore faut-il pouvoir s’arrêter, Monsieur l’agent.
- "Augmenter les distances de sécurité : neige et verglas augmentent considérablement la distance de freinage."
Nan j’te crois pas.
- "Éviter toute manœuvre brutale, notamment sur route verglacée."
Tu es en train de me dire que je ne peux même pas me faire un petit arrêt au frein à main d’sa mère ?
- "Adapter sa vitesse aux circonstances."
Et qu’entendez-vous par circonstances exactement, c’est un peu freudien comme réflexion non  ?
- "Anticiper les risques et donc les freinages en repérant les zones à risques : ponts, virages, descentes, sous-bois..." 
Ah bein moi qui voulais me faire un tout schuss au milieu des conifères
- "En cas de violentes bourrasques de neige et de mauvaise visibilité, mieux vaut s'arrêter sur le bas-côté, feux de détresse allumés et attendre les secours dans la voiture."
Quand te reverrais-je, Pays merveilleux… Dans dix minutes je nous considère comme définitivement perdus (Michel Blanc pour les incultes)
"Et pour les piétons :
- Mettez des chaussures de marche ou des bottes avec des semelles crantées." 
Mais veux-tu ranger tes tropéziennes, enfin voyons !
- "Marchez très doucement, en vous assurant de la stabilité de vos pas."
Tu t’es vu quand t’as bu ?
- "A vélo, mettez pied à terre pour franchir une zone dangereuse : pente, couche de neige, passage d’un obstacle au sol (dos d’âne…)."
Quand tu dis "pied", ça veut dire que si t’es en vélo sous la neige, tu ne mets pas de chaussures ?

Il n’empêche qu’on en a pris pleins les yeux parce que oui quand ça tombe, la neige, c’est beau. C’est tellement rare qu’on refuse de sortir le parapluie pour mieux sentir les flocons se poser, s’accumuler sur nos manteaux (neigeux) et humidifier délicatement notre brushing du matin.
Et puis pour beaucoup d’entre nous,  cette neige provoque une avalanche de souvenirs :
- l’ambiance station de ski avec le son feutré en mode boule de coton,
- le grincement inimitable et pour une fois agréable de nos pas dans la poudreuse,
- L’émerveillement des enfants qui s’offrent enfin des batailles autorisées,
- La lumière bleutée quand le jour se lève sur les montagnes peintes en blanc,
- Le démarrage des remontes pente le matin, avec le bruit des tirs fesses qui au retour se cognent les uns aux autres, les coquins.

Cependant nous sommes bien dans la banlieue parisienne même si c’est difficile à croire, tellement le paysage francilien a subi une opération chirurgicale qui le rend méconnaissable mais amplement plus désirable :
- Les arbres qui exhibaient leur nudité anorexique, sont à présent parés de robes voluptueusement meringuées ou de sculptures de chantilly qui joue les équilibristes.
- Les voitures sur la route adoptent le mouvement ralenti, dans un silence presqu’envoutant.
- le blanc immaculé de la neige fraichement tombée, nous éblouit et nous fait oublier que le ciel reste gris.

Et puis, il y a le côté "pagaille", "galère" comme s’empressent de titrer les quotidiens parisiens, quitte à se péter une jambe en haut de la piste des mots. N’oublions pas les ronchonchons qui se plaignent de se retrouver coincés sur la N118. Et puis ceux qui sont bien au chaud chez eux mais qui cherchent des responsables forcément politiques,  histoire de provoquer une bataille de boules…puantes.

Alors même si le Canada se moque de nous: "ils déneigent  quoi de la poussière ?", que Michel Chevalet pousse une gueulante sur BFM : "c’est le bordel à la française ; ils se sont tous foutus dans la N118.", que Francis (nom d’emprunt) se retrouve en panne de chauffage la nuit la plus froide de l’année, sans avoir la possibilité de se faire dépanner pour cause de routes impraticables, on l’a aimé cette parenthèse neigeuse parce qu’elle nous a émerveillés, elle nous a changés du quotidien et maquillé nos environs, ternis par une météo en pleine dépression, à la limite du burn out. 
Ce fut soudain, inattendu alors que pourtant, à bien y réfléchir, il ne s'agit que d'un vulgaire fait "d'hiver". 

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