samedi 27 janvier 2018

Parenthèse iodée



Ile d'Yeu-chateau-Sabias
Photo Rodrigue Laurent Photographie (Facebook et Instagram)



Je ne sais pas vous mais ce vent impertinent et cette grisaille pleurnicharde qui nous poursuivent depuis plusieurs semaines, commencent sérieusement à attaquer mes cellules de bonne humeur, voire de félicité.
Alors, pour rester dans le positif, j’imagine et visualise le spectacle maritime que cette météo capricieuse a malgré tout, le don de provoquer. Merci d’ailleurs Rodrigue Laurent pour vos photos et films sur Facebook qui sont des trésors de lumière et ont nourri mon inspiration.
Je vous propose une parenthèse iodée, qui je l’espère, vous permettra de vous évader, de respirer la mer, d’imaginer, visualiser la lumière et les couleurs de l’océan, d’écouter la voix des vagues et peut-être même de ressentir l’air marin.

Depuis toute petite, je suis formatée aux vacances d’été au bord de la mer. Si aujourd’hui une trêve maritime reste non négociable en période estivale dans notre agenda de vacances, je ne suis pas contre non plus, quelques doses d’embruns en hiver, bien au contraire. La mer à cette époque est un véritable antidote, un remède à la déprime.
Quoi de plus vivifiant que de sortir chaudement couvert, se promener sur la côte, les yeux perlés de larmes provoquées par la force du vent. Rien ne sert d’insister, la capuche ne tiendra pas et c’est plutôt une bonne chose car finalement nos cheveux prennent aussi l’air ; le mélange embrun/pluie façonne des coiffures qui ne verraient le jour nulle part ailleurs. Et le goût du sel dans les cheveux a quelque chose de savoureux qui rappelle la baignade.
En lutte contre les rafales, à la limite de vaciller, le son et lumières s’offre à nous qui restons malgré tout debout. Par gros temps, quand le ciel est gris plomb, la palette de couleurs de l’océan évolue plutôt dans des verts un peu passés, délavés, totalement mélangés. Les gouttes de pluies forment, à l’impact de l’océan, une multitude de mini cratères éphémères.
Le blanc des vagues donne à la mer, par endroits au niveau des rochers, des allures de jacuzzi. Près du bord, l’écume blanche légèrement jaunie, s’accumule en paquets, pour à la fin former un tapis inquiétant car par endroit mouvant. La mer est lessivée d’une tempête qui s’achève.
Sur le rivage, la mousse se soulève, vole au vent comme des flocons transgéniques et vient parfois se coller sur la lande détrempée. Semblable au bain moussant, elle ne vivra qu’un bref instant.
Au loin l’océan joue les caméléons et se confond avec le ciel qui a perdu de ses couleurs, en activant le progamme économie d'énergie. Quelques rares intrépides goélands, saoulés par les bourrasques et la pluie en ondées, se laissent planer en toute confiance, à la limite de l’overdose.
Les vagues se succèdent dans leur paradoxe de nonchalance au moment de leur formation, et de violence à l’instant de l’impact.  On attend l’explosion comme un bouquet final.  Et on assiste alors à la transformation d’une vague à la trajectoire horizontale, en un monstre d’écumes aux contours incertains.
Tel un feu d’artifices, les projections retombent en mode ralenti. "Allez encore une dernière et on rentre. Là, regarde celle qui arrive, c’est un mur qui s’approche, elle va faire un carnage."
On veut saisir l’instant, celui où la vague fume, rejette sa "roche liquide", ou prend la forme de pâte de berlingot, cet aspect à la fois lisse et strié.
Et le succès de ce spectacle réside également dans la qualité de la bande son, les grondements de l’océan, les vocalises du vent, lorsque la vague se soulève et qu’elle se brise enfin.
Et puis sans que l'on s’en aperçoive, le ciel change de tableau ; le Peintre ajoute de l’or et quelques espaces bleus. Les nuages récupèrent, reprennent des couleurs grâce aux rayons qui percent. La mer maintenant calmée, se pare de tâches rosées et parfois orangées. Le vent s’en est allé et tout semble apaisé. Sur la plage, la mer est descendue et a repris son rythme…de croisière.  Les vagues se font plus douces et les galets se laissent aller à des discussions endiablées, emportés par la marée.
Au loin, à gauche de la baie, les ruines du château qui paraissaient si sombres, sont à présent éclairées comme le plus prestigieux des monuments historiques, à la différence près que cette lumière idéale provient du ciel et des reflets de l'eau. Et ce qu’il y a de magique, c’est que l’éclairage de ce jour n'aura rien à envier à celui de demain.
Parfois lorsque la nuit tombe, si le ciel reste sombre, la mer se transforme en un vaste réservoir d’encre de chine.
Et puis dans quelques jours, la pleine lune s’invitera. La mer prendra des allures de bracelet argenté dont le métal a été martelé.
Le vent est le styliste de la mer et le ciel son accessoiriste : quand le vent dessine les formes de la robe de l’océan, le ciel lui, se préoccupe de ses couleurs.

Voilà, j’aurais pu vous parler de la mer turquoise et verte des îles caraïbes, celle qui n’a aucune ride et qui finalement peut paraitre insipide. J’ai préféré "la collection d'hiver" et vous plonger dans une mer plus présente, tonifiante et vivante, ce qui, je l'espère, vous a permis de flotter un court instant au travers d’images et de sons bienfaiteurs.


Mer / veilleusement vôtre.

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