dimanche 10 décembre 2017

Johnny d'Ormesson, tellement d'hommages





Monsieur,
Cher Monsieur d’Ormesson,

Pardonnez ma familiarité mais oui, vous m’êtes "cher" même si je dois l’avouer, mon attachement à votre personne est plus que très récent.
C’était il y a presque deux ans, lorsque je suis tombée sur l’émission de Marc-Olivier Fogiel "Le divan". Avant cela,  "d’Ormesson" n’était pour  moi "que" le nom d’un célèbre écrivain parmi tant d’autres, au regard particulièrement clair et dont la voix prenait parfois des intonations surprenantes.
Cette émission m’a littéralement subjuguée, captivée,  à tel point que sur le moment, j’ai eu envie de vous écrire, simplement, pour vous remercier, pour partager avec vous le bonheur de l’écriture, de ces lignes que l’on comble, que l’on rature, qui nous saturent, et qui finissent par provoquer en nous une joie débordante, étonnante, envoutante. Mais je n’ai pas osé, trop de timidité. A quoi bon ?
J’étais totalement conquise par votre personnage : votre sens du verbe, votre art de nous conter, votre à-propos à la citation, votre élocution aux allures théâtrales, vos yeux "maliçaudacieux", votre visage "parcheminé".
"Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule", seriez-vous capable de me répondre avec votre voix qui part dans les aigus. Oui, cela ne vous a pas échappé, vous qui redoutiez de mourir en même temps qu'une star (comme Jean Cocteau le même jour qu’Edith Piaf), Johnny Hallyday a également fait ses valises. Mais avec l’élégance qui vous caractérise, vous l’avez précédé  d’un jour et nous avez quittés ce mardi 5 décembre, comme Mozart.  Tout est dit, vous êtes un génie.
Alors que les fans de Johnny siègent devant la grille de Marne-La-Coquette, votre cercueil impérial, paré des couleurs de la France est posé, là, au milieu de la cour des Invalides, muni d’un simple crayon à papier : quel symbole dont vous êtes le demandeur. Tout autour, la musique nous enveloppe, les paroles du Président raisonnent de justesse et de délicatesse.

Vous étiez un remède, le baume du bonheur. Si Johnny allumait le feu sur la scène, vous illuminiez les plateaux télé sur lesquels vous étiez convié. Il suffit de regarder au second plan les visages béas des invités, du public qui vous écoutent, qui attendent votre anecdote, votre sens de la répartie et de l’autodérision. Vous êtes un véritable mystère ; sous votre allure de vieille noblesse, vous respirez la modernité. Vous prenez un malin plaisir à glisser dans vos phrases sagement construites, des mots de notre époque, qui tranchent avec le reste.
A votre façon Monsieur d’Ormesson et sans doute à votre insu, vous êtes une véritable star inter-génération qui pousse un chanteur tout aussi brillant que Doré, à se faire tatouer votre nom sur le bras,  ce qui vous surprendra et sans doute vous touchera.

Votre hommage était national et non pas populaire. Vous n’étiez pas Johnny et Johnny n’était pas Jean d’O. Cependant, à bien y regarder et contre toute attente, vos points communs étaient multiples et parfois étonnants :
- Vos yeux d’un bleu perçant
Que ce soit le vôtre ou celui de Johnny, nous étions captivés par la puissance de vos regards, dont la profondeur sans doute nous dépassait mais en tout cas nous fascinait.
- Votre tendance politique
Tous deux vous penchiez indéfectiblement vers la branche droite de la nation, sans pour autant critiquer de façon agressive, le parti opposé.
- Laurent Gerra
L’un comme l’autre, vous êtes entrés dans le registre de cet imitateur pour notre plus grand bonheur ; et grâce à lui, nous savons d’ores et déjà qu’il saura vous faire revivre.
- Votre allure
Si vous vous retranchiez derrière un style ultra classique alors que Johnny passait de la paillette au costard noir sans le moindre complexe, vous possédiez tous deux, cette élégance innée que l‘on prénomme "Allure".
- Votre voix
Pour l’un chantée, pour l’autre parlée, vos voix nous ont bercés et nous ont fascinés, chacune à leur manière.
- Votre goût de la séduction
Indéniablement vous aimiez les gens, vous aimiez le contact et étiez parfaitement conscients de votre pouvoir de séduction sans pour autant en abuser.
- Les mots de vos maux
Quand l’un écrivait pour nous conter sa  vie et nous confier ses failles, l’autre préférait les chanter, au beau milieu d’un stade.
- Sapin
Que le sapin de Noël qui ne possède pas a minima une compile de Johnny ou un livre de Jean d'O, se fasse connaître dans les plus brefs délais ou qu'il se taise à tout jamais.

Voilà, j’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir effectué ce parallèle mais vos départs successifs ont réuni tant d’émotion, de respect et d’admiration, que l’ignorer aurait été une faille, un mensonge, un oubli dans l’Histoire.
Et puis je suis certaine que de là-haut, vous aussi avez apprécié la Johnny Hally-Day sur les Champs-Elysées. Je vous imagine taper sur un tambour comme à l’époque du "Cercle de Minuit" mais cette fois, aux côtés de Gabriel ravi d'entendre les clameurs rock and roll, d'un refrain qui porte son nom.
Et là, j’aimerais tellement vous écouter me dire : "Oh mais comme tout cela est épatant !", adjectif que vous chérissiez et employiez pour mon plus grand bonheur, à chacune de vos apparitions.

Pour terminer, je préfère vous laisser la parole, ou tout au moins, l’une de vos phrases dont vous seul aviez le secret : "Il y a quelque chose de plus fort que la Mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants."
Merci Monsieur d'Ormesson.





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