dimanche 10 décembre 2017

Johnny d'Ormesson, tellement d'hommages





Monsieur,
Cher Monsieur d’Ormesson,

Pardonnez ma familiarité mais oui, vous m’êtes "cher" même si je dois l’avouer, mon attachement à votre personne est plus que très récent.
C’était il y a presque deux ans, lorsque je suis tombée sur l’émission de Marc-Olivier Fogiel "Le divan". Avant cela,  "d’Ormesson" n’était pour  moi "que" le nom d’un célèbre écrivain parmi tant d’autres, au regard particulièrement clair et dont la voix prenait parfois des intonations surprenantes.
Cette émission m’a littéralement subjuguée, captivée,  à tel point que sur le moment, j’ai eu envie de vous écrire, simplement, pour vous remercier, pour partager avec vous le bonheur de l’écriture, de ces lignes que l’on comble, que l’on rature, qui nous saturent, et qui finissent par provoquer en nous une joie débordante, étonnante, envoutante. Mais je n’ai pas osé, trop de timidité. A quoi bon ?
J’étais totalement conquise par votre personnage : votre sens du verbe, votre art de nous conter, votre à-propos à la citation, votre élocution aux allures théâtrales, vos yeux "maliçaudacieux", votre visage "parcheminé".
"Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule", seriez-vous capable de me répondre avec votre voix qui part dans les aigus. Oui, cela ne vous a pas échappé, vous qui redoutiez de mourir en même temps qu'une star (comme Jean Cocteau le même jour qu’Edith Piaf), Johnny Hallyday a également fait ses valises. Mais avec l’élégance qui vous caractérise, vous l’avez précédé  d’un jour et nous avez quittés ce mardi 5 décembre, comme Mozart.  Tout est dit, vous êtes un génie.
Alors que les fans de Johnny siègent devant la grille de Marne-La-Coquette, votre cercueil impérial, paré des couleurs de la France est posé, là, au milieu de la cour des Invalides, muni d’un simple crayon à papier : quel symbole dont vous êtes le demandeur. Tout autour, la musique nous enveloppe, les paroles du Président raisonnent de justesse et de délicatesse.

Vous étiez un remède, le baume du bonheur. Si Johnny allumait le feu sur la scène, vous illuminiez les plateaux télé sur lesquels vous étiez convié. Il suffit de regarder au second plan les visages béas des invités, du public qui vous écoutent, qui attendent votre anecdote, votre sens de la répartie et de l’autodérision. Vous êtes un véritable mystère ; sous votre allure de vieille noblesse, vous respirez la modernité. Vous prenez un malin plaisir à glisser dans vos phrases sagement construites, des mots de notre époque, qui tranchent avec le reste.
A votre façon Monsieur d’Ormesson et sans doute à votre insu, vous êtes une véritable star inter-génération qui pousse un chanteur tout aussi brillant que Doré, à se faire tatouer votre nom sur le bras,  ce qui vous surprendra et sans doute vous touchera.

Votre hommage était national et non pas populaire. Vous n’étiez pas Johnny et Johnny n’était pas Jean d’O. Cependant, à bien y regarder et contre toute attente, vos points communs étaient multiples et parfois étonnants :
- Vos yeux d’un bleu perçant
Que ce soit le vôtre ou celui de Johnny, nous étions captivés par la puissance de vos regards, dont la profondeur sans doute nous dépassait mais en tout cas nous fascinait.
- Votre tendance politique
Tous deux vous penchiez indéfectiblement vers la branche droite de la nation, sans pour autant critiquer de façon agressive, le parti opposé.
- Laurent Gerra
L’un comme l’autre, vous êtes entrés dans le registre de cet imitateur pour notre plus grand bonheur ; et grâce à lui, nous savons d’ores et déjà qu’il saura vous faire revivre.
- Votre allure
Si vous vous retranchiez derrière un style ultra classique alors que Johnny passait de la paillette au costard noir sans le moindre complexe, vous possédiez tous deux, cette élégance innée que l‘on prénomme "Allure".
- Votre voix
Pour l’un chantée, pour l’autre parlée, vos voix nous ont bercés et nous ont fascinés, chacune à leur manière.
- Votre goût de la séduction
Indéniablement vous aimiez les gens, vous aimiez le contact et étiez parfaitement conscients de votre pouvoir de séduction sans pour autant en abuser.
- Les mots de vos maux
Quand l’un écrivait pour nous conter sa  vie et nous confier ses failles, l’autre préférait les chanter, au beau milieu d’un stade.
- Sapin
Que le sapin de Noël qui ne possède pas a minima une compile de Johnny ou un livre de Jean d'O, se fasse connaître dans les plus brefs délais ou qu'il se taise à tout jamais.

Voilà, j’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir effectué ce parallèle mais vos départs successifs ont réuni tant d’émotion, de respect et d’admiration, que l’ignorer aurait été une faille, un mensonge, un oubli dans l’Histoire.
Et puis je suis certaine que de là-haut, vous aussi avez apprécié la Johnny Hally-Day sur les Champs-Elysées. Je vous imagine taper sur un tambour comme à l’époque du "Cercle de Minuit" mais cette fois, aux côtés de Gabriel ravi d'entendre les clameurs rock and roll, d'un refrain qui porte son nom.
Et là, j’aimerais tellement vous écouter me dire : "Oh mais comme tout cela est épatant !", adjectif que vous chérissiez et employiez pour mon plus grand bonheur, à chacune de vos apparitions.

Pour terminer, je préfère vous laisser la parole, ou tout au moins, l’une de vos phrases dont vous seul aviez le secret : "Il y a quelque chose de plus fort que la Mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants."
Merci Monsieur d'Ormesson.





vendredi 1 décembre 2017

Charlie aux fourneaux #1 : Le Rougail saucisses (6 personnes)



Que tu sois végétarien, adepte du régime alimentaire, du beurre doux, de la crème légère, cette nouvelle catégorie de post n’est pas pour toi. Elle risque même de te donner la nausée.
Mais si au contraire tu kiffes les plats mitonnés, les fromages à pâte molle, les plaisirs sucrés, bref la bonne pitance, tu trouveras peut-être des recettes qui te feront saliver rien qu’en les parcourant.
Je n’ai pas la prétention d’être une bonne cuisinière mais entre ma Maman d’Amour et ma Belle-Mère préférée, je suis à bonne école. Si l’une a tendance à beurrer "l’imbeurrable", l’autre manie les légumes même oubliés dans des bains de vapeur dévastateurs. Du coup, mon faible talent culinaire évolue entre ces deux tendances.
Pour ma part, je ne cuisine pas beaucoup par manque de temps sans doute mais j'apprécie l'activité (cf mon post "mot à mot cuisine"). J’ai donc décidé de partager avec vous certaines recettes qui ne nécessitent pas de diplômes particuliers mais qui font leur petit effet.

Le rougail saucisses donc. Qui l’eut cru ? J’avoue que le nom n’est pas des plus alléchants et que si ma sœur ne nous en avait pas préparé un dernièrement, je n’aurais jamais eu l’idée de vous partager cette recette. Je n'ai jamais été très saucisse, entendez francfort, merguez, chipo i tutti quanti mais la saucisse en mode rougail, aïe aïe aïe.
 
Difficulté 
Simplissime comme dirait l’autre.


Ce qu’il vous faut
- Une bonne vieille cocotte en fonte. J’en profite pour vanter la marque "Le Chasseur" qui fait aussi bien le job que la soi-disant indétronable "Le Creuset" et qui coûte moins de brouzoufs.
- Des grosses saucisses type Morteau ou Montbeliard. Compter une par personne, ça devrait convenir même si tout est question de taille…
- Des oignons, entre 4 et 8. Personnellement j’ai un faible pour les oignons de Roscoff ; je les trouve plus doux et légèrement sucrés. Merci DJ Balat’pour cette découverte.
- De l’ail (6 à 8 gousses)
- 2 grosses boîtes de tomates pelées. Evitez les tomates normales, c’est de pire en pire niveau goût et le coulis des boîtes est idéal pour la sauce.
- Un bouquet garni
- Un peu de piment d’Espelette (ça va faire plaisir à Belle-Maman)
 
Temps de préparation
Hyper court, le temps de préparer, couper les ingrédients, de pleurer sa race grâce aux oignons, de se laver 12 fois les mains pour anéantir le parfum de l’ail et de l’oignon, de tout foutre dans la cocotte et c’est elle qui prend le relais.
Plongez les vilaines saucisses dans l’eau bouillante et les laisser cuire pendant dix minutes. Ne pas oublier de les blesser dans leur chair ferme en les piquant, avant le grand bain bouillonnant.
A la sortie du jacuzzi, coupez-les en tronçons de 1,5 cm, oui j’ai bien dit 1,5 cm (allez va pour 1,6) et réservez comme on dit.
Mettre une belle motte de beurre (salé cela va de soi) et un peu d’huile d’olive dans la cocotte. Lâchez-y les oignons découpés et l’ail écrasé. Laissez-les s’imprégner, se dorer très légèrement la pilule, ajoutez les rondins de saucisses et faites cuire le mélange pendant 5 bonnes minutes.
Ajoutez les tomates pelées avec leur jus et le bouquet garni.

Et bein voilà, y a plus qu’à laisser cuire pendant 30 minutes environ, le temps d’obtenir une sauce à l’aspect compoté. Ne pas couvrir mais gardez un œil quand même pour éviter une trop grosse évaporation. En fin de cuisson rajoutez du piment d’Espelette et ajustez l’assaisonnement sel, poivre éventuellement un peu de sucre en poudre en cas d’acidité.
Servir avec un riz blanc type basmati.

Vous l’aurez compris, c’est du plus que simple mais c’est du plus que bon et contrairement à ce que l’on peut imaginer, ce n’est pas lourd du tout. Le top du top, c’est de le faire la veille ou a minima le matin du dîner,  c’est encore meilleur comme de nombreux plats qui mijotent.
Et le vin ? Evitez les Bordeaux et privilégiez un vin un peu costaud type Cahors.
 
Saucement vôtre.




dimanche 19 novembre 2017

La semaine dernière en 7 mots (ou expressions) #41


Lundi : CENT TRENTE
C’est le nombre effrayant de victimes des actes terroristes du vendredi 13 novembre 2015 ; déjà deux ans mais toujours aussi présent dans nos esprits.
Mardi : SUPPLEMENT SAUCE TRANSPORT
Non contente de me taper trois heures de transport par jour, je m’octroie ce soir en rentrant, le luxe de louper mon arrêt pour ma correspondance et de prolonger mon voyage de 4 stations… Boulet je suis, boulet je resterai.
Mercredi : BONJOUR TRISTESSE
Y’a des jours où rien ne va au boulot, où tout semble compliqué, sans solution, où l’on a qu’une seule envie, c’est que cette journée de m… se termine pour repartir sur de bonnes bases. #moralausousol
Jeudi : YES WE CAN
Watson remporte les élections de délégué avec 16 voix contre 12 ; Charlie, fais péter l’champomy !
Vendredi : A CORPS ET AME
Je termine cette semaine par une explosion d’urticaire comme si mon corps s’associait à mon esprit particulièrement perturbé par moultes contrariétés professionnelles.
Samedi : YES WEEK END
Mais comme c’est bon de ne rien faire si ce n’est prendre le temps de ne rien faire et mettre en état des nuire les néfastes ondes de la semaine.
Dimanche : COLLECTION D’AUTOMNE
Sans doute l’un des derniers jours où les  arbres nous offrent leurs plus belles collections de couleurs avant de nous imposer leurs nudités dérangeantes.

dimanche 12 novembre 2017

La semaine dernière en 7 mots (ou expressions) #40


Lundi : DANS LA BOUCHE DES ENFANTS
Watson : "tout est meilleur quand c’est au futur.
Moi : c’est-à-dire ?
Watson : dans ton assiette t’as des petites chips et une grosse chips ; tu commences par les petites pour terminer par la meilleure".
Mardi : TISSU DE MENSONGES
Collègue : "Si cette opération a fonctionné c’est parce qu’on avait bien tout brodé."
Moi : tu veux sans doute dire "bordé".
Mercredi : TRUMPERIES
Un an déjà que le roucmoute a été élu et qu’il impose au monde entier ses réflexions tirées par les cheveux.
Jeudi : AU BORD DE LA CRISE DE NERFS
Ce soir, alors que la rame du métro est pleine à craquer, le conducteur s’exprime : "Merci de bien vouloir ne pas gêner la fermeture des portes, vous savez, ce sont les deux battants coulissants qui se trouvent juste en face de vous".
Vendredi : CE BON VIEUX HIGGINS
Une moustache finement taillée, un regard à la limite de l’arrogance, ce majordome tiré à 4 épingles, accompagnée de ses deux célèbres dobermans Zeus et Apollo, aura marqué la génération Magnum que nous sommes.
Samedi : DANS TOUTE SA SPLENDEUR
Merci à toi, cher mois de novembre de ne pas déroger à la règle et de nous offrir aujourd’hui un cocktail de ce que tu maîtrises à la perfection : pluie/gris/vent, ou vent/gris/pluie ou bien encore gris/vent/pluie
Dimanche : QG DE CAMPAGNE
Ce soir ça rigole pas chez les STESER, réunion de travail autour du candidat Watson qui se présente en tant que délégué et qui peaufine son programme.

lundi 6 novembre 2017

La semaine dernière en 7 mots (ou expressions) #39


Lundi : BOURDON
Voici venu le temps du bourdon d’hiver, celui qu’on a dans le ventre quand il s’agit de reprendre le chemin du travail.
Mardi : BORDEL
A vous les provinciaux, j’espère que vous mesurez la chance de ne pas être régulièrement pris en otage des facéties de notre cher réseau de transport francilien. #troupeau #marée humaine #crisedenerfs
Mercredi : #BALANCETAGRAISSE
Mais qu’il est bon ce running de 7.5 km qui me redonne l’envie de bouger mes molécules et de faire la nique à mon trop plein.
Jeudi : COURBATURES DE MES
Que ce soit dans les transports, à mon bureau, ou même dans les toilettes, me lever est un véritable supplice pour mes cuissots endoloris, ce qui a le don de faire rire mes insensibles collègues.
Vendredi : SACRÉE MORUE
Vous aussi, fêtez la fin de votre semaine de boulot en dégustant une bonne brandade. La brandade, quelle déconnade ! (désolée)
Samedi : BONJOUR LA HAUT
C’est en me baladant dans les rues de St Germain, la tête en l’air,  que je découvre des trésors d’architecture qui jusqu’à présent m’étaient totalement inconnus. Vous aussi, en toute circonstance gardez la tête haute.
Dimanche : PENSÉE DU JOUR 
En relisant « La pitié dangereuse » de Stefan Zweig pour mon plus grand plaisir, je prends conscience que tout l’art d’écrire repose sur celui de décrire.


dimanche 29 octobre 2017

Speed reading ou jamais sans mon livre


Bon et bien c’est parti : sortez de vos placards les plaids, les cocottes en fonte, les appareils à raclettes. Remplacez votre rosé du week-end par un bourgogne qui réchauffe, retardez votre montre d’une heure pour hiberner davantage, à la lueur d’un jour de plus en plus sombre, à la limite de la dépression.
Appréciez ces instants, où confortablement installés dans votre canapé, munis de vos lunettes si la presbytie est votre nouvelle amie, vous vous emparez de votre livre qui vous embarque dans un voyage unique, où l’inconnu côtoie l’inoubliable, au travers d’un océan de mots plus ou moins salés ou bien  de dunes de phrases parfois perchées et sources de mirages. Ceci est le pouvoir du livre.
Plus les années défilent, plus ma consommation de pages augmente. Je suis accroc, à tel point qu’oublier chez moi mon livre qui occupe mon temps de transport quotidien, me pousse à m’en procurer un de dépannage à la presse de la station RER. C’est de cette manière que j’ai acheté le dernier de Gilles Legardinier, auteur que j’avais déjà lu ; il ne m’avait pas laissé un souvenir grandiose mais je savais que je pouvais compter sur lui pour qu’il fasse le job pendant quelques heures de transport.
J’ai décidé de vous faire partager les quatre dernière lectures récentes qui malgré leurs genres parfois opposés, ont toutes été sources de découvertes surprenantes et d’intérêts différents.
 
 LE RESTE DE LEUR VIE - JEAN-PAUL DIDIERLAURENT
 
Il existe des  livres qui, malgré leur anorexie de pages, sont plus que savoureux.
Je fais partie de ces lectrices qui sont attirées par les "pavés", les bons gros livres qui pèsent une tonne dans le sac à main mais qui durent comme une série qui ne s’arrête jamais, à la sauce Santa Barbara. Alors autant vous dire que les livres de moins de 300 pages ne déclenchent pas chez moi, au premier abord, une attraction (fatale) d’achat.
En lisant  le pitch de la 4ème de couverture, je me suis rendue compte que cet auteur ne m’était pas inconnue, puisque j’avais dévoré son premier livre "le liseur de 6h27": "Didierlaurent transforme avec bonheur l’essai : les lecteurs vont retrouver la même sensibilité, la même poésie, le même humour que dans le liseur de 6h27" Bernard Lehur RTL. C‘est à la lecture de cette phrase que je n’ai pas hésité à m’emparer de ce nouveau livre armé de ses 250 pages. J’étais persuadée  par avance qu’il trouverait sa place dans notre courageuse bibliothèque, proche de l’indigestion, tellement gavée de livres. Mais comme le dit l’une des héroïnes de ce livre : "une bibliothèque sans livres, c’est comme une bouche sans dents".
"LE RESTE DE LEUR VIE" est ce genre d'ouvrages que l’on souhaite conserver, avoir chez soi, pour pouvoir en disposer quand le besoin s’en fera sentir.
Je ne vais pas vous raconter l’histoire, vous pourriez prendre peur ; mais juste pour vous dire qu’il s’agit de rencontres entre générations, de professions inconnues et tellement respectables, d’échanges, de partages, avec en toile de fond une infinie tendresse.
Si vous aimez l’auteur Foenkinos, achetez Didierlaurent ; ces deux écrivains ont en commun cette passion des mots justes et des histoires qui font du bien.

UNE FOIS DANS MA VIE- GILLES LEGARDINIER

J’ai donc acheté ce livre en désespoir de cause à la librairie presse de ma station RER de départ. J’avais déjà lu "DEMAIN J’ARRETE", livre qui m’avait été conseillé mais qui fait partie de ces ouvrages qui n’ont pas gagné leur place dans la sacro-sainte bibliothèque. Hé oui, il faut avoir de sérieuses références pour pouvoir y séjourner et même si je conserve le souvenir d’une lecture distrayante, je suis à présent incapable de vous en faire le résumé, signe qu’il ne m’a pas marqué.
J’ai tout de même acheté son nouveau roman pour lequel j’avais lu quelques articles sur les réseaux sociaux. Comme le premier, j’ai passé un bon moment. Legardinier a de l’humour, et écrit pour faire avancer ses lecteurs, pour les aider à oser, à croire en leurs capacités. Legardiner est un jardinier du positif et des cultures simples mais dont les récoltes sont rentables. Sous couvert d’une histoire qui peut paraitre banale, il veut délivrer à son lecteur des clefs pour avancer de manière constructive malgré les obstacles de la vie, croire en soit, en ses capacités, oser pour ne pas regretter.
J’ai apprécié son livre même si parfois le style me parait presque trop simple ; un choix sans doute de l’auteur pour pouvoir être accessible à tous.
Et puis son dernier chapitre est surprenant puisque l’auteur prend le temps de remercier ses lecteurs et se livrer (si je puis dire) sans filtre.

EN ATTENDANT BOJANGLES  - OLIVIER BOURDEAUT

C’est ce qui s’appelle se prendre une claque.
Je n’aurais jamais lu ce livre si une de mes amies ne me l’avait pas conseillé (Merci Darling). Le résumé au dos n’est pas des plus vendeurs. En revanche les 4 avis mentionnés, ajoutés aux prix décernés, laissent à penser que l’ouvrage (de 170 pages) est une sorte d’ovni littéraire qu’il ne faut pas négliger. A la lecture des premières pages, le lecteur sait par avance que le récit n’aura pas forcément une fin très réjouissante.
C’est l’histoire d’une famille composée d’un papa, d’une maman, d’un garçon. Jusque là, rien de très original me direz-vous. Mais les parents sont "un peu" fous, fous de tout : fous d’amour, fous d’ivresses, fous de leur enfant. Le narrateur est principalment l’enfant avec sa vision naïve, troublante dérangeante, face à l’irresponsabilité de ses parents. Et puis parfois c’est le père qui parle, qui décrit son amour pour cette femme hors du commun, qui  le pousse à franchir les limites du raisonnable et de l’acceptable. Il est lui-même entrainé dans un tourbillon de folie où la lucidité n’existe plus.
C’est extrêmement troublant et Jerôme Garcin de l’Obs le résume très bien : "Olivier Bourdeaut fait sourire les larmes et pleurer l’allégresse. Il mérite le succès qui va fondre sur cette fable extravagante et bouversante."

LE CLUB DES 5 EN VACANCES- ENID BLYTON

Non ce n’est pas une blague ; j’ai rapporté ce livre de chez mes parents car j’en conservais un souvenir de dingue. Paradoxalement, sans me rappeler du moindre détail de l’histoire, ma mémoire conservait la trace d’un ouvrage que j’avais particulièrement apprécié à l’époque. J’étais fan du "club des 5" qui selon moi surpassait les aventures du "clan des 7" ou autres "6 compagnons".
Le livre est en parfait état même si le rose de la bibliothèque est légèrement passé. Les feuilles jaunies sentent ce parfum inimitable des ouvrages trop longtemps enfermés dans des armoires de sous-sols de maisons, qui regorgent de multiples trésors d’enfance et de la vie qui passe.
J’ai profité de ces vacances pour me replonger une quarantaine d’années en arrière. Je ne me voyais pas ouvrir le livre au milieu de mes voisins de RER quoi que, à bien y réfléchir l’expérience aurait pu être intéressante.
Je ne peux que vous recommander de vous plonger dans un livre de votre enfance : quelle expérience et comme j’ai ri dès les premières pages. Tenez, prenez le nom du père de Claude (le garçon manqué de la bande) : "Monsieur Dorsel"; remplacez le "s" par le "c" et faites une recherche internet… la narratrice (décédée en 1968) doit faire des bonds dans sa tombe elle qui se sentait investie de la mission d’inculquer à ses lecteurs, des valeurs morales solides… Et cette façon qu’elle a de décrire les femmes : hormis Claude qui détient l’un des rôles principaux parce que c’est un garçon manqué comme le répète une bonne douzaine de fois l’auteur, Annie ne parle que très peu et ne fait que pleurer. Quant à la mère de Claude, elle est dans l’incapacité de prendre la moindre décision suite à des dégâts matériels causés par une tempête. Lisez plutôt la réflexion du père : "ma femme a été tellement secouée par cet accident qu’elle n’est pas en état de s’occuper elle-même des questions matérielles ; c’est moi qui vais me charger de cela".  Mme Dorsel ne le contredira pas, elle qui n’est manifestement bonne qu’à préparer des repas et des tartelettes pour ses enfants. On ne l’entendra d’ailleurs jamais s’exprimer. Si Claude et son chien Dagobert sont au cœur des intrigues, son ami Mick saura lui rappeler : "Il serait vraiment temps que tu cesses de croire que tu as autant de valeur qu’un garçon". On croit rêver.
Et puis il y a les références à des réflexes d’éducation qui font froid dans le dos : on parle de "martinet", de "recevoir une solide correction", de punitions "à l’eau et au pain sec" Le vocabulaire employé est totalement dépassé : "chenapan", "garnement", "flute" (le gros mot par excellence), "grabuge", "prendre la poudre d’escampette", "vestibule", "on n’y voit goutte" etc…
Quant au style, il est parfois très lourd mais je me suis imaginée Jean Rochefort en train de lire, ce qui m’a permis d’avoir le courage d’aller jusqu’au bout d’une intrigue limitée. Ecoutez-le lire cette phrase : « Une pénombre grise et bleue descendit sur le rocher maudit estompant l’altière silhouette du Pic du Corsaire ». Ca va tout de suite mieux non ?
Vous l’aurez compris "Le club des 5" a mal vieilli  mais c’est un trésor de références d’une époque révolue. Avant de le relire, Je pensais que Watson apprécierait ces aventures mais finalement je ne vais pas lui infliger cette correction ; il n’y comprendrait goutte.

Bonnes lectures à tous et bonnes vacances pour les chanceux.



dimanche 15 octobre 2017

La semaine dernière en 7 mots (ou expressions) #38


Lundi : JEAN ROCHEFORT
"Sans ma moustache, j’ai l’impression de ne pas avoir de slip". Jean Rochefort, c’était un visage hors du commun, une moustache inimitable, un sourire équestre, un phrasé mêlant l’élégance et la désinvolture.
Mardi : ZÉRO CRÉDIBILITÉ
Collègue au cours d'une réunion : "Du coup, ce point tombe dans notre girouette."
Mais oui bien sûr, et les girons indiquent la provenance du vent.
Mercredi : "LE RESTE DE LEUR VIE" de JEAN-PAUL DIDIERLAURENT
Je m'étais délectée avec le premier "Le liseur de 6h27", celui-ci est tout aussi sensible, drôle et poétique.
Jeudi : JUST SHUT YOUR MOUTH !
Ce matin dans le RER, ma voisine et moi sommes prises d’un fou rire déclenché par les bruits de bouche que fait notre voisin en mangeant ses galettes, et apparemment ça ne dérange que nous !
Vendredi : LES P’TITS BONHEURS
Avoir le temps de prendre son petit déjeuner avec Watson et l’accompagner ensuite à l’école sans stress, cette journée de télétravail est une  pure aubaine.
Samedi : REMUE-MENAGE
A défaut de me remettre à courir, grosse vache que je suis, je me lance dans un sprint de ménage dont je célèbrerais la fin, par un menu chez le roi du burger, cherchez l’erreur.
Dimanche : LE ROI SOLEIL
Pique-niquer dans le parc du Château de Versailles, enchaîner par une promenade à vélo dans les allées royales puis le long du grand canal, longue vie au(x) Roi(s) Soleil.



dimanche 8 octobre 2017

Working Girl, la vie au Siège ou dans un fauteuil


Siège, définition Wikipédia (enfin presque) : "le siège ou siège social d’une entreprise est le lieu où se trouve sa direction centrale. Du latin sedes et de l’italien sedere qui en français signifie être assis, siéger, poser son gros cul dans un siège confortable pour ne plus en décoller de la journée."
Bienvenus dans ma nouvelle vie professionnelle que je côtoie depuis juin. Finis les problèmes de chauffage, de fuite d’eau dans mon bureau, terminé le management d’une équipe de cas "sociopathiques", les plats de la cantine flottards à la limite du respect des règles sanitaires, les ascenseurs en panne une fois sur deux. Welcome dans le monde de l’espace ou de l’Espace, ça marche aussi.
Quand tu passes d’une direction régionale à un Siège, c’est comme faire le grand écart pour la première fois : tu sais qu’il va te falloir plusieurs heures d’entrainement pour pouvoir y parvenir et que ce ne soit plus douloureux.
Qui dit Siège social, dit vitrine de la marque. Faut que ça claque à l’extérieur comme à l’intérieur du bâtiment. Alors tu mets un énorme logo sur la façade du building qui ressemble à un paquebot des chantiers St Nazaire, tellement qu’il est gros. Tu pénètres dans le hall d’entrée par une porte à « tournicoti » comme on voit souvent dans les hôtels, vous savez celles qui se mettent à tourner toutes seules mais qui se bloquent si tu marches trop vite. Dommage que celle empruntée par Lady Di et Dodi al Fayed ne soit pas restée bloquée, ça nous aurait peut-être évité le mémorial du pont de l’Alma. Désolée pour cette digression mais j’avoue que ce modèle de porte me fait toujours penser aux dernières images de Diana et son keum à la sortie de leur restau.
Une fois l’épreuve du "tournicoti" remportée avec succès, te voilà dans la zone d’accueil, le paradis de l’espace inutilisé et de la démesure. L’écran plat qui fait la taille de la baie vitrée de ton salon, diffuse en continu la nouvelle campagne de pub qui te ressort déjà par les yeux. Et oui, les deux points noirs que tu distingues à vingt mètres sont bien les chevelures des hôtesses d’accueils qui dépassent à peine de leur comptoir surdimensionné.
Vous l’aurez compris dans un Siège, tu parcours des kilomètres pour aller d’un endroit à un autre ; mais c’est mieux parce que quand tu travailles au Siège, ton pas doit être alerte, dynamique pour montrer que t’es méga occupé. D’ailleurs, les personnes qui se déplacent dans les couloirs ont leurs  ordinateurs ultrabook ouverts, greffés sur une main et casque audio implanté sur leur crâne, pour ne pas manquer le début ou la fin de la 12ème confcall skype de la journée.
Ah les réunions skype, une façon de travailler très Siège, qui demande également un peu d’habitude et de patience. Habitude pour éviter d’envoyer un message à l’ensemble des participants alors qu’il n’était destiné qu’à une seule personne. Habitude également pour ne pas ouvrir par inadvertance son micro et se mettre à prononcer des horreurs sur le travail d’un tel ou un tel. Et patience, parce que nombreux sont ceux qui se connectent avec un quota de trois ou quatre minutes de retard réglementaire ; et oui la réunion précédente s’est terminée plus tard que prévu, ou l’un des participants a un problème de connexion et passe son temps à pourrir le fil de messagerie avec des remarques du style : "vous m’entendez là ?" ou "je ne vois pas la présentation", "j’ai un problème avec mon micro". Bref tu perds au moins dix minutes par réunion à régler les détails techniques.
Tout cela n’est pas bien grave car au Siège, la notion du temps est bien particulière. L’écart type entre les premières et dernières arrivées le matin, dépasse les 2h30 facile et ça ne choque personne : dans mon open space (c’est-à-dire dans mon bureau partagé avec cinq autres personnes), quelle ne fut pas mon étonnement de constater qu’une de mes collègues arrivait tous les matins entre 10h30 et 11h00 ? J’ai naïvement pensé qu’elle travaillait en horaire décalé ; mais point du tout, c’est juste qu’elle n’est pas du matin… Bizarrement l’écart type du soir est lui, de faible amplitude, allez savoir pourquoi.
Durant ma période d’observation j’ai également constaté que certains passaient un temps non négligeable dans les espaces dits "de convivialité" à siroter des Nespresso gratôsses.
C’est la fameuse stratégie de la "discussion informelle", parce que c’est bien connu, autour d’un café (surtout s’il n’est pas payant,) t’en apprends beaucoup plus que derrière ton ordinateur… Le chic du chic reste quand même de t’octroyer une pause en ayant quand même l’oreillette à poste, pour éviter de louper un truc au cas où t’appellerait sur ton iPhone 15.
Quand tu arrives au Siège, il faut également que tu apprennes à parler la langue du pays et t’habituer à ce que quand quelqu’un te croises en te disant "bonjour comment vas-tu", la réponse "très bien je te remercie et toi ?" ne l’intéresse absolument pas, puisqu’il a tracé sa route pour ne pas être en retard au brief de la journée. Oui j’ai bien dit "brief" car ici on baigne dans les anglicismes : backlog, release, debrief, process, sharepoint, proof of concept (POC), crash test, kickoff and so on… Non seulement tu dois te familiariser avec ces expressions qui ponctuent tes conversations mais tu dois également revoir ta façon de t’exprimer. Au Siège, on ne dit pas :
- "J’ai parlé à Jennifer", mais "j’ai échangé avec Jennifer"
- "Il faudrait inclure ce point" mais "il faudrait embarquer cette évolution"
- "faire une réunion" mais "organiser un atelier"
- "Je m’en occupe"mais "je prends le point"
- "on est dessus" mais "ce sujet est en cours d’instruction"
- "Je suis d’accord avec toi" mais "je partage" ou éventuellement,"je te rejoins"
- "Laisse-moi le temps de regarder mes mails" mais "laisse-moi le temps de déplier mes mails"
- "Cordialement" mais "Bien à toi" surtout si tu viens de balancer à ton interlocuteur une réponse qui tu le sais, ne va pas lui plaire

Ce qui est également déroutant, c’est de croiser quotidiennement de nouveaux visages "tellement qu’on" est plein dans ce bâtiment. Et puis, chaque jour c’est un défilé de la fashion week : tu repères les consultants extérieurs à leurs costumes ajustés et chaussures rutilantes. Pour certaines, les talons sont de sorties ou les jupes ras la fouffe seront au rendez-vous été comme hiver. Et pour pouvoir admirer ces défilés, rien ne vaut le poste d’observation  des canapés de l’espace café, situés juste à la sortie de la cantine :
- "Tiens il est encore là lui ? Je croyais qu’il avait été viré. »
- "Il s’est fait des implants non ? on dirait qu’il a une moumoute sur le crâne !"
- "Elle en a pas marre de montrer sa culotte ?"

Voilà donc le fruit de mes trois premiers mois d’observation. J’essaie progressivement de me fondre en toute discrétion dans ce nouvel environnement dans lequel les comportements humains sont plus que captivants, parce que souvent surjoués à compter du moment où tu franchis la porte tournicoti du fameux hall d’entrée.  
Pour ma part, je vais essayer de rester moi, je mettrai un peu de formes pour éviter d’être  virée trop rapidement mais j’essaierai malgré tout de conserver ma dose de "n’importe quoi" qui permet j’en suis certaine, de  maintenir la spontanéité d’une relation humaine.
Bien à vous.